L’HISTOIRE DU SOLDAT

NOTE D’INTENTION
 


 
L’Histoire du soldat, dont la première eut lieu le 28 septembre 1918 à Lausanne, est le fruit d’une collaboration artistique très riche. Le poète Charles-Ferdinand Ramuz et le chef d’orchestre Ernest Ansermet imaginent, pour répondre aux besoins du public, un théâtre ambulant, dans ce contexte de pénurie et de douleur que sont les années de guerre. Ramuz et Strawinski se mettent alors à écrire un texte, d’après un conte d’Afanassiev, point de départ de l’Histoire du soldat, oeuvre conçue en termes de spectacle ambulant. René Auberjonois travaille au décors et costumes. Si l’on s’attache à l’aspect musical de ce spectacle, imaginé d’ailleurs de manière très visuelle par Strawinski, il faut souligner le caractère extraordinaire, au sens propre du terme, du « petit orchestre » : sont présents les instruments aux deux tessitures extrêmes de chaque famille (violon, contrebasse; clarinette, basson ; cornet, trombone), sans oublier la percussion qui joue un rôle absolument moteur dans cette oeuvre. A cette constante invention du rythme, ajoutons comme éléments clés la concision, l’autonomie de chaque élément musical, la distanciation ironique si chère à Strawinski, inspiré ici, peut-être, par l’illustration musicale des petits récits au Moyen Âge.
 


 
CONTEXTE
 


 
Histoire devant être lue, jouée et dansée d’Igor Stravinski. Livret de Charles Ferdinand Ramuz (28 septembre 1918, Lausanne).
 
Installé en Suisse depuis le début de la guerre, Stravinski perdit ses biens et son argent après la révolution russe d’octobre 1917. Aussi, en raison de ce manque de moyens, il chercha à composer une oeuvre nécessitant peu d’interprètes et trouva le soutien financier nécessaire auprès d’un mécène suisse, Werner Reinhart.
 
Son librettiste, Charles Ferdinand Ramuz, s’inspira de deux histoires issues d’un recueil de chants populaires russes réunis par Afanassiev, dont Stravinski avait déjà tiré Pribaoutki (1914), Renard (1917) et le cycle Soucoupes (1917). Les deux auteurs ôtèrent à ces contes tout ce qui en faisait des oeuvres typiquement russes, donnant ainsi à leur nouvelle composition une portée universelle. La pièce créée est une reprise de la légende de Faust.
 
L’Histoire du soldat fut représentée pour la première fois, le 28 septembre 1918, à Lausanne, sous la direction du chef suisse Ernest Ansermet.
 
LE LIVRET
En vendant son violon au diable, un soldat obtient la richesse mais devient étranger à toutes les personnes qu’il connaissait. Après avoir regagné son instrument aux cartes, le soldat guérit une princesse et l’épouse. Le héros accompagné de sa femme retourne alors dans son village où le diable l’attend et finit par l’emmener en enfer en jouant du violon.
 
LA PARTITION
Le morceau est écrit pour un ensemble de sept musiciens où se côtoient trois familles d’instruments représentées chacune par leur membre le plus aigu et le plus grave: violon et contrebasse, clarinette et basson, cornet et trombone, percussion. Sur scène interviennent un narrateur, deux acteurs (le diable et le soldat) et une danseuse (la princesse), mais aucun chanteur.
La partition fait alterner récit et musique. Elle est constituée d’une succession de séquences aux titres génériques: marche, concert, tango, valse, choral. Elles sont reliées entre elles soit par un thème, soit par le violon qui parcourt toute l’oeuvre et personnifie l’âme du soldat. Les mélodies, les rythmes semblent entièrement désincarnés mais une écoute attentive du morceau permet de déceler les décalages rythmiques et les enchaînements harmoniques.
 
Concentration extrême de moyens théâtraux, l’Histoire du soldat est l’une des oeuvres les plus parfaitement accomplies de Stravinski.

 
 
COMPLÉMENT
 
 
DISTRIBUTION
IGOR STRAVINSKI / CHARLES FERDINAND RAMUZ
PRESSE